Le 7 juillet 189… — Ce pauvre Bouton ! depuis qu’il a promis, dans un mouvement d’enthousiasme, de suivre Tartarin en exil, il est, comme on dit à Mons, tout infrouyé ; il passe ses journées à défaire l’étalage de la vitrine de gauche pour le refaire dans la vitrine de droite.
Je suis passé hier après-midi par là pour m’approvisionner en cigares.
— Vous tombez bien, m’a-t-il dit : j’ai eu justement ce matin une explication avec M. Tartarin.
Ses yeux brillaient sous les poils de singe de ses sourcils et son petit ventre plat houlait.
— Est-ce que le jour de votre départ est fixé ?
— Écoutez bien ce que je vais vous dire, mon commandant : M. Tartarin s’en ira peut-être ; il s’en ira quand il voudra ; mais moi, Aimé Bouton, tel que vous me voyez, je ne partirai pas ! Un Montois cayaux, quand il a passé la cinquantaine, ne se transplante plus ; il est comme le lierre : il meurt où il s’attache !
— Pas nécessaire de crier, Bouton !