Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/65

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sionne tout autant : elle représente, celle-ci, la destruction de Pompéi : un pêle-mêle affreux de fuyards écrasés par les chevaux emportés et se tordant comme des vers sous les roues des chars romains dont les cochers, fous de terreur, cinglent à coups de fouets tout ce qu’ils trouvent devant eux. La lave tombe en flocons de feu ; on voit, sur une montagne qui forme le fond du tableau, des palais qui croulent en se consumant et d’où s’échappent des femmes superbes, la gorge nue, les vêtements ondulant en plis magnifiques au vent de la catastrophe.

Ces scènes d’horreur et de désolation apparaissent plus terribles encore dans cette chambre bourgeoise où vit, à pas feutrés et comme à mi-voix, la douce et paisible tante Lalie ; et l’on goûte mieux la tranquillité et le confort de sa maison, on savoure mieux ses plats et son vieux vin quand, levant les yeux de dessus la nappe blanche, toute réjouie par la gaîté des cristaux et de l’argenterie, on les porte sur ces visions tragiques.

Il y a place à table pour vingt personnes ; les deux dîners que Tante Lalie donne tous les ans, l’un le jour de sa fête, l’autre à l’anniversaire de la naissance de l’oncle Urbain, sont une institution dans la société montoise ; tante Lalie n’y convie