Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/64

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Sardanapale mourant sur son bûcher, entouré de ses femmes ; elles sont demi-nues, belles comme le jour et parées comme pour une fête ; leurs seins sont ronds, leurs cuisses évidées, leurs traits purs ; on dirait un groupe de danseuses réalisant au théâtre un tableau immobile. Je revois le trône à gradins, avec les rondins du bûcher symétriquement alignés et qui n’attendent que l’approche de la torche ; la table du festin avec ses coupes, ses amphores, ses vases d’argent emplis de fleurs et de fruits ; les colliers de perles semés partout, une harpe abandonnée, des torchères échevelées — et, dominant le désordre, Sardanapale, avec sa belle barbe noire foisonnante et sa tiare constellée de pierreries, Sardanapale émergeant d’un moutonnement éploré de dos, d’épaules, de cuisses et de poitrines du galbe le plus parfait, le tout sous un tragique ciel d’orage que des éclairs déchirent de leurs glaives coudés. Je sais bien qu’on reproche à tous ces personnages d’avoir l’air de sortir de chez le coiffeur, le loueur de costumes et la manucure : moi, je ne crains pas de le dire, je suis plein d’admiration pour un pareil tableau et je donnerais toute la peinture de nos farceurs d’aujourd’hui pour cette gravure-là, qui me parle et me remue…

Et l’autre image, du même auteur, m’impres-