Page:Garnir - Le Commandant Gardedieu, 1930.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Saint-Fiacre à-z-artichauts. Les Montois-Cayaux connaissent toutes les dalles des trottoirs de la Grand-Rue, toutes les enseignes de la rue des Capucins, tous les rideaux des fenêtres des rez-de-chaussée de la rue Neuve. Il leur suffit de penser à n’importe quelle maison pour en voir aussitôt la disposition, l’escalier, le jardin et la porte d’issue. Ils sont chez eux dans toutes les boutiques qu’ils honorent de leur pratique et dont les boutiquiers leur disent : « Bien à vos ordres. »

Un jour de Te Deum à Ste-Waudru, ils peuvent nommer toutes les personnes emplissant le chœur, depuis le Gouverneur jusqu’aux huissiers de la Régence, avec leurs ascendants, descendants et parents par alliance, sans compter leurs créanciers et leurs fournisseurs… Que ne raconteraient-ils pas, sur le compte de chacun, si on les écoutait !

Ainsi, chaque jour amène pour nous sa peine et ses plaisirs : nous sommes tellement confinés dans notre paisible routine que nous n’avons même pas la curiosité de nous demander si nous sommes heureux.

***

Mais n’allez pas croire, d’après ça, que tout est pour le mieux dans la vie montoise. Il suffirait d’une conversation d’une demi-heure avec le vieux