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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/11

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AUTOUR DU SOFA.

cupions chez le professeur. Mistress Dawson devait avoir la soixantaine ; sa figure était fine et transparente, ses cheveux gris auraient paru tout à fait blancs, si ce n’avait été son bonnet d’une blancheur de neige, et le ruban de satin qui en formait les nœuds. Elle était enveloppée d’une espèce de robe de chambre en cachemire français, d’un gris perle. Les meubles du salon, rose foncé, avec une monture blanc et or, se détachaient sur une tenture de papier de l’Inde, couverte dans sa partie inférieure de feuillages et d’oiseaux des tropiques, dont la profusion diminuait graduellement, et qui n’offrait plus, vers la corniche, qu’un réseau de brindilles légères, parsemé d’insectes d’une délicatesse infinie. Les encoignures étaient ornées de grands vases de porcelaine de Chine, remplis de feuilles odorantes, de fleurs séchées et d’aromates. C’est au milieu de tout cela qu’était placée la chaise longue où mistress Dawson passait tous ses jours depuis bien des années.

La femme de chambre apporta du thé et des macarons qui nous furent offerts, et une petite tasse de lait coupé d’eau, que mistress Dawson prit avec un biscuit. Nous étions arrivées de bonne heure et nous nous trouvions seules avec la maîtresse de la maison ; toutefois quelques instants après des hommes de lettres, des femmes élégantes, des célébrités dans tous les genres furent annoncées tour à tour. Chacun allait, en partant, dans une réunion plus brillante ; mais ils venaient d’abord visiter miss Dawson, lui dire leurs bons mots et lui confier leurs projets. Savants et jeunes filles la considéraient également comme une amie qui en savait plus sur leur compte, et s’intéressait plus à eux que toute autre personne au monde.

Cette réception, où l’esprit et la grâce prêtaient leur éclat à l’amitié la plus franche, avait quelque chose d’é-