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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/12

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AUTOUR DU SOFA.

blouissant et vous laissait un souvenir à la fois plein d’enseignement et de charme.

Tous les lundis nous allions nous asseoir auprès de mistress Marguerite et nous prêtions une oreille attentive à ce que l’on disait autour de nous. L’hiver s’écoula sans apporter d’amélioration sensible à mon état de souffrance, malgré l’espoir que me donnait toujours le docteur de guérir complètement. L’été arriva ; mistress Dawson m’était devenue bien chère, quoique je n’eusse pas échangé avec elle plus de paroles qu’avec miss Mackensie ; mais les moindres mots qui sortaient de sa bouche étaient de véritables perles.

C’était la saison où l’on quitte Édimbourg ; la plupart des connaissances du docteur étaient parties pour la campagne ; je ne suis pas bien sûre que nos lundis n’en fussent pas plus agréables. Parmi les fidèles, se trouvaient M. Preston, gentilhomme du Westmoreland, qui préférait à son titre d’écuyer celui d’homme politique, et M. Spérano, exilé de Venise, banni même de France, où il avait longtemps résidé, et qui donnait maintenant des leçons de langue italienne dans la vieille capitale de l’Écosse.

Un lundi soir, j’avais poussé un petit tabouret à côté du sofa, je m’étais assise auprès de miss Marguerite, et, lui prenant la main, je lui demandai, je ne sais par quelle fantaisie, combien il y avait de temps qu’elle habitait Édimbourg. « Vous ne parlez pas écossais, ajoutai-je, et M. votre frère m’a dit que vous n’étiez pas de ce pays-ci.

— Non, répondit-elle en souriant, je suis née à Liverpool ; est-ce que vous ne le voyez pas à ma prononciation ?

— J’entends bien qu’elle diffère un peu de celle des autres ; mais elle me plaît, comme toutes les choses qui