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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/13

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AUTOUR DU SOFA.

viennent de vous ; est-ce qu’on parle ainsi dans le Lancashire ?

— Hélas ! oui. Cette bonne lady Ludlow s’est pourtant donné bien de la peine, quand j’étais jeune, pour corriger mon accent ; mais il m’a été impossible de saisir celui qu’elle voulait me faire prendre.

— Voilà plusieurs fois, repris-je, que vous nous parlez de cette bonne lady Ludlow ; qui est-elle donc ? vous paraissez beaucoup l’aimer.

— Il y a bien des années qu’elle est morte, chère enfant. »

Je regrettais d’avoir évoqué ce triste souvenir, qui avait assombri la figure de mistress Dawson ; mais elle s’en aperçut et me dit avec bonté :

« J’aime à penser à elle, et je m’entretiens avec plaisir du temps où je l’ai connue ; elle a été ma bienfaitrice, mon amie ; j’ai passé auprès d’elle plusieurs années, dont je me souviens avec bonheur ; questionnez-moi donc à son égard, si cela vous intéresse, et ne craignez pas de m’attrister.

— Dites-nous alors tout ce que vous savez d’elle ? lui demandai-je, encouragée par la réponse qui m’était faite.

— Ce serait bien long, répliqua miss Marguerite. Il n’est pas probable que le signor Spérano, M. Preston et miss Duncan voulussent écouter une vieille histoire qui, après tout, n’en serait pas une, car mon récit n’aurait ni queue ni tête, et ne serait qu’un amas de souvenirs plus ou moins bien réunis.

— Quant à moi, madame, dit le signor Spérano, je puis vous assurer qu’il me sera toujours fort agréable d’écouter ce que vous voudrez bien nous dire. »

Miss Duncan balbutia quelque phrase dans le même genre. M. Preston appuya la demande que nous faisions