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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/138

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CHAPITRE IX.

« Et que devint la mère du marquis ? demandai-je à lady Ludlow.

— Elle ne fit jamais de questions à l’égard de son fils, répliqua milady. Je suis persuadée qu’elle a connu sa fin tragique ; mais je ne saurais dire par quel moyen. Medlicott affirme que c’est le jour même de l’exécution de Clément, que Mme de Courcy ne mit plus de rouge et ne consentit plus à se lever. Elle prétend que la marquise fut instruite de la mort de son fils à l’instant même où celle-ci arriva ; mais elle avait toujours eu l’esprit frappé d’un rêve qu’avait fait la pauvre mère, et dont elle m’avait souvent parlé : Mme de Courcy avait vu l’ombre de Virginie se détacher au milieu d’épaisses ténèbres, faire signe à Clément de venir la rejoindre, et l’entraîner avec un sourire au fond du caveau de Saint-Germain l’Auxerrois, où les de Courcy avaient leur sépulture. Medlicott voyait dans ce rêve étrange un avertissement de ce qui est arrivé plus tard, et prétendait que la mort de Clément avait été révélée à sa mère d’une façon mystérieuse. Toujours est-il qu’à partir de la mi-juin (c’est le 15 que le supplice avait eu lieu), la marquise ne manifesta plus d’inquiétude et resta plongée dans un morne désespoir. Vers la fin de l’été, je quittai