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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/142

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AUTOUR DU SOFA.

me proposer de lui donner un emploi qui le mettrait dans votre confidence, vous, l’agent particulier de cette famille. Mais tous nos secrets, et vous le savez, monsieur Horner, chaque famille honorable et d’ancienne origine a les siens, tous nos secrets, dis-je, appris par cœur, seraient récités au premier venu.

— Je l’aurais élevé de manière à lui faire sentir le besoin de la discrétion, milady.

— Élevé, monsieur Horner ! tirez donc un faisan d’un poulet de ferme ; la chose serait plus facile. En tout cas, vous faites bien de parler de discrétion, non pas d’honneur ; l’une réfléchit, prévoit les conséquences ; l’autre ne raisonne pas, c’est un instinct plutôt qu’une vertu. Il est possible, après tout, qu’on puisse apprendre à être discret, c’est une chose que j’ignore. »

M. Horner garda le silence ; milady en fut touchée, et, comme il lui arrivait toujours en pareille occasion, elle commença à craindre d’avoir été trop loin.

« Toutefois, lui dit-elle, avec une douceur extrême, je regrette infiniment le surcroît de besogne que vous donnent mes affaires ; ce sont les mesures que j’ai prises qui ont augmenté votre travail, je le reconnais et je comprends que vous ayez besoin d’un aide ; aussi vais-je m’occuper de trouver quelqu’un qui puisse remplir cette tâche auprès de vous. Il s’agit de copier des lettres et de faire des comptes, si j’ai bien entendu ? »

M. Horner avait certainement le projet d’élever, plus tard, le petit Gregsone à la dignité de commis, mais seulement dans l’avenir ; s’il en avait parlé comme d’une nécessité présente, ce n’était que pour le besoin de la cause ; et il cherchait le moyen de se rétracter au sujet de cet accroissement de besogne et du copiste dont il était question, lorsque milady s’écria tout à coup :

« J’ai notre affaire ; miss Galindo, j’en suis sûre, ne