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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/143

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LADY LUDLOW.

demandera pas mieux que de vous prêter son concours. Je lui en parlerai moi-même ; soyez tranquille.

— Miss Galindo ! » répéta M. Horner, tombant des nues. Je fus sur le point d’en faire autant ; car il faut vous dire ce qu’était miss Galindo. La chère demoiselle habitait le village depuis de longues années ; pourvue de ressources des plus minimes, elle n’en avait pas moins un état de maison, et s’arrangeait de manière à se donner une servante, qu’elle choisissait invariablement parmi les infirmes dont personne ne voulait chez soi. Elle avait eu des borgnes, des boiteuses, des bossues et jusqu’à une aveugle. On parlait d’une phtisique arrivée au dernier degré, qu’elle avait prise parce que la pauvre fille eût été sans cela obligée d’aller au dépôt de mendicité, où elle n’aurait pas été convenablement nourrie ; d’où il résulta que la pauvre créature ne pouvant rien faire, miss Galindo était à la fois sa propre domestique et la garde-malade de sa bonne.

Celle qu’elle avait à l’époque dont nous parlons était une naine de trois pieds et demi et d’un caractère épouvantable ; il n’y avait que miss Galindo qui pût garder une pareille fille. Servante et maîtresse se disputaient du matin jusqu’au soir, et n’en étaient pas moins fort bien ensemble au fond du cœur ; c’était l’une des particularités de la pauvre miss, de faire toutes les bonnes actions imaginables et de vous dire les choses les plus impatientantes. Aveugle ou bossue, naine ou boiteuse, toutes entraient chez elle pour être grondées sans cesse ; la poitrinaire fut la seule qui n’entendit jamais un mot piquant ; mais toutes ces pauvres filles, quelque tarabustées qu’elles fussent, rendaient justice à la bonté de leur maîtresse, et ne l’en aimaient pas moins ; d’ailleurs, cette dernière avait le tour d’esprit tellement original, que ses bourrasques n’étaient pas moins faites pour les divertir