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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/146

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AUTOUR DU SOFA.

n’eut d’autre résultat que de la mettre de belle humeur. Elle allait entrer dans une chaumière, lorsqu’elle rencontra sur la porte une brave femme qui chassait une cane devant elle en s’écriant :

« Veux-tu bien t’en aller, miss Galindo ; veux-tu t’en aller ! Faites excuse, mademoiselle, reprit la femme en se trouvant face à face avec la visiteuse ; c’est ma diable de cane qui voulait entrer dans la chambre..,. T’en iras-tu ! miss Galin…

— Elle porte donc mon nom ? demanda miss Galindo.

— Mon Dieu oui, mam’selle ; c’est mon homme qui l’a baptisée ; et de fait il a eu raison ; car la malheureuse bête s’en va toujours fourrant son bec où personne ne la demande.

— Parfait ! votre homme a de l’esprit, répondit la vieille fille ; dites-lui de venir me voir ; nous taillerons des bavettes au coin du feu, et il me chapitrera tout à son aise. »

Le brave homme ne manqua pas de répondre à cette invitation, et fut tellement séduit par l’humeur joyeuse de miss Galindo, et par la finesse avec laquelle elle pénétra les mystères de ses professions diverses (il était maçon, ramoneur et taupier), qu’il se fâcha contre sa femme la première fois qu’elle appela sa cane du nom de la vieille fille, que lui-même avait donné au volatile importun.

Mais si bizarre que fût en général miss Galindo, elle était d’excellente compagnie toutes les fois que bon lui semblait, ce qui arrivait toujours en présence de Sa Seigneurie. À vrai dire, je ne connais pas d’homme, de femme ou d’enfant qui, instinctivement, ne se montrât à milady sous son meilleur côté. Lady Ludlow n’avait donc pas la moindre notion d’une foule de choses qui faisaient redouter à M. Horner d’avoir miss Galindo pour commis. Le pauvre homme aurait bien voulu que milady changeât d’idée ; mais c’était impossible ; il avait déjà trop déplu