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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/178

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AUTOUR DU SOFA.

la reconnaissance pour qu’il ne tue pas notre jeune ministre en lui exprimant sa gratitude. Je vous demande un peu qui se chargerait de toute cette besogne, si ce n’était moi. »

Miss Galindo n’en était pas moins fort exacte à remplir les devoirs de sa charge ; elle arrivait tous les matins, heure militaire, sans qu’on pût se douter qu’elle avait passé la nuit ; elle était, à vrai dire, un peu plus irascible, et surtout plus silencieuse ; mais son irritation était facile à comprendre, et son silence n’avait rien de regrettable.

Quant à milady, elle était fort tourmentée au sujet des deux patients ; généreuse et sensible, elle prenait toujours une grande part aux malheurs dont elle entendait parler ; mais dans cette circonstance l’idée qu’elle et ces pauvres malades ne s’étaient pas quittés… comment dirai-je ? on ne peut pas employer l’expression de bons amis en parlant de ce petit bohémien et de la comtesse Ludlow. Bref, la pensée qu’elle ne s’était pas séparée d’eux comme elle l’aurait voulu, si la mort avait dû les frapper, donnait à son inquiétude quelque chose de plus vif, de plus agité qu’à l’ordinaire. C’étaient des recommandations continuelles au docteur Trévor de ne rien épargner pour la guérison de ces malheureux jeunes gens ; tout ce qu’il ordonnerait comme régime, devait être préparé sous la direction de Medlicott, et envoyé au presbytère, depuis les sirops et les pâtes, les juleps et les consommés, jusqu’aux blancs de volaille, aux conserves, aux analeptiques de toute espèce ; et comme de son côté M. Horner avait eu les mêmes attentions, et pris les mêmes mesures, il en résulta que nos malades furent soignés comme des princes.

Il fallut nécessairement, puisque M. Gray était dans son lit, qu’un autre ecclésiastique vînt officier le dimanche :