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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/200

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AUTOUR DU SOFA.

Mais si lady Ludlow avait eu l’intention de congédier l’homme de loi, ou seulement de lui faire changer de conversation, elle s’était bien trompée. M. Smithsone jeta les yeux sur les papiers que milady lui présentait, et, reprenant l’entretien où il l’avait laissé :

« J’en ai conclu, dit-il, que si Votre Seigneurie avait un pareil homme pour gérer ses affaires, la culture de ses domaines et la rentrée des fermages ne laisseraient rien à désirer. Je ne crois pas impossible de déterminer M. Brooke à prendre la place de ce pauvre M. Horner ; il me sera facile de lui en parler, car nous sommes devenus fort bons amis en faisant ensemble une collation qu’il m’avait prié de partager. »

Lady Ludlow ne quitta pas des yeux la figure du procureur tant que celui-ci débita les paroles précédentes.

« Vous êtes bien bon, monsieur Smithsone, répondit-elle après quelques instants de silence ; mais ne vous donnez pas la peine de me chercher un intendant : j’écrirai ce soir à un ancien ami de l’un de mes fils, au capitaine James, qui vient d’être sérieusement blessé à Trafalgar, et je lui demanderai de me faire l’honneur de vouloir bien accepter la position qu’avait ici M. Horner.

— Un marin pour administrer les domaines de Votre Seigneurie !

— Mais certainement ; s’il veut être assez bon pour cela, je lui en serai fort reconnaissante. On m’a dit qu’il avait été forcé de donner sa démission par suite de la gravité de ses blessures, et que le docteur lui a spécialement recommandé le séjour de la campagne. J’espère être assez heureuse pour obtenir qu’il vienne ici, d’autant plus qu’il a peu de fortune, et qu’ayant pris sa retraite il doit se trouver gêné.

— Un marin, un invalide !

— Vous trouvez que la faveur que j’ambitionne est