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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/205

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LADY LUDLOW.

J’aimerais mieux qu’il ne fût pas mort, milady, s’écria le petit Gregsone en sanglotant de manière à faire supposer que son cœur allait se rompre.

— Je vous crois, mon petit ami, répliqua lady Ludlow ; nous voudrions tous que nos morts fussent vivants ; et rien dans la fortune ne peut nous faire oublier leur perte ; mais vous savez, M. Gray a dû vous le dire, que c’est Dieu qui fixe l’heure à laquelle nous devons quitter la vie. M. Horner était un homme juste et bon, qui s’est montré, pour vous, comme pour moi, affectueux et dévoué. Peut-être ne savez-vous pas qu’il avait eu d’abord l’intention de vous faire un don beaucoup plus considérable. Vous deviez posséder tout son avoir, à l’exception d’un legs de peu d’importance qu’il destinait à son ancien clerc, Morrison ; mais il savait que ce domaine, qui appartient à ma famille depuis plus de six cents ans, était grevé d’une somme qu’il me serait difficile de payer ; et il sentait combien il est triste de voir tomber un ancien patrimoine comme celui-ci, aux mains des gens qui sont mes créanciers. Vous comprenez cela, mon petit homme ? » ajouta lady Ludlow en interrogeant du regard la figure de son jeune auditeur.

Celui-ci avait arrêté ses larmes et faisait tous ses efforts pour saisir le sens des paroles de milady ; je ne suis pas sûre qu’il y parvint complètement ; toutefois il avait trop d’intérêt à connaître la suite de cette affaire pour suspendre l’entretien ; il fit un signe affirmatif et lady Ludlow continua.

« M. Horner, poursuivit-elle, a donc repris la somme qu’il vous avait léguée pour en disposer en ma faveur, avec l’intention de me faciliter le payement de la dette qui pèse sur le domaine d’Hanbury. Cette somme doit s’augmenter chaque année des intérêts qu’elle aura produits ; j’épargnerai de mon côté le plus possible afin d’ar-