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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/208

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AUTOUR DU SOFA.

sera quelque temps avant que notre projet puisse être réalisé.

Mais revenons au capitaine, le nouveau régisseur dont miss Galindo m’entretint la première.

« Il n’a pas plus de trente ans, me dit la vieille fille. Me voilà forcée de plier bagage ; ce serait de la dernière inconvenance que de rester sous ses ordres en qualité de commis ; c’était fort bien du temps de mon vieux patron ; mais un jeune homme qui n’a pas de femme et qui n’est pas même veuf ! Que ne dirait-on pas sur mon compte ! Il me regarde du coin de l’œil ; j’en fais autant à son égard, et je devine sa pensée. Il a peur que je ne l’épouse, mais il peut être bien tranquille, je n’en ai pas la moindre envie. M. Smithsone a déjà recommandé quelqu’un à lady Ludlow pour me remplacer ; milady préférerait que je restasse ; mais c’est tout à fait impossible, les convenances s’y opposent.

— Comment est le capitaine ? lui demandai-je.

— Il n’a rien de particulier ; c’est un petit homme aux cheveux noirs, au teint brûlé par le soleil ; je n’en sais pas davantage, la bienséance ne m’ayant pas permis de le regarder avec attention. Et maintenant je vais pouvoir m’occuper de mes bonnets de nuit ; j’aurais été désolée qu’une autre se fût chargée de les faire ; j’ai un si joli modèle ! »

Miss Galindo voulant enfin résigner ses fonctions, s’en fut annoncer à milady qu’elle abandonnait la plume pour reprendre l’aiguille. C’est alors qu’un malentendu qui avait eu lieu de part et d’autre, souleva entre ces deux dames une discussion assez étrange. Miss Galindo s’était imaginée que Sa Seigneurie lui avait demandé une faveur en la priant de tenir ses écritures, et elle avait consenti à le faire sans même supposer qu’elle recevait pour cela une rémunération quelconque. Je l’avais entendue plus