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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/218

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AUTOUR DU SOFA.

son bénéfice, et quitta la demeure de ses pères avec un sombre désespoir ; il aurait volontiers changé de nom pour qu’il n’existât rien de commun entre lui et ces enfants mâtinés, que son frère avait eus d une Italienne. Celle-ci n’en vint pas moins avec son fils, le baronnet, et toute sa nichée de papistes, prendre possession du manoir, où elle passa l’hiver, et d’où elle partit avec joie pour retourner à Naples.

L’ex-baronnet, pendant ce temps-là, vivait à Londres, où il avait obtenu un vicariat dans l’une des paroisses de la Cité. Combien sa femme et lui auraient été heureux à cette époque, si Mark Gibson avait renouvelé sa demande ! Il n’en fit rien, hélas ; et M. et Mme Galindo virent dans son silence la confirmation des calculs odieux qu’ils lui avaient attribués. J’ignore ce que leur fille en pensait ; mais elle ne souffrait pas que, devant elle, on parlât mal de son ancien ami d’enfance. Mark savait assurément que les Galindo habitaient Londres ; son père avait dû le lui dire ; il était d’ailleurs impossible qu’il n’eût pas connaissance des sermons que le vicaire de la cité prêchait dans d’autres paroisses, à la demande de certains ministres, et dont l’annonce était répandue partout.

Durant toute cette époque de misère, lady Ludlow conserva ses relations avec la famille du pasteur, par amour pour la pauvre Laurentia ; et quand celle-ci eut perdu son père et sa mère, ce fut milady qui soutint l’orpheline dans la détermination de ne rien demander au baronnet papiste, et de se suffire avec les deux mille cinq cents francs de rente qui lui venaient de son aïeul.

Mark Gibson avait acquis en peu de temps une certaine réputation comme avocat ; puis il était mort, du vivant même de son père, victime, disait-on, d’une intempérance habituelle, et ne s’étant pas marié. Le doc-