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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/220

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AUTOUR DU SOFA.

en train de dîner lorsqu’il rentra, la figure tout émue. Il renvoya les bambins aussitôt que la chose fut possible, et fit part à sa femme de la mort de son frère. Mark Gibson avait été pris d’une indisposition subite en se rendant à son cabinet ; il s’était pressé de l’atteindre et n’y était arrivé que pour mourir.

Mme Trévor accueillit cette nouvelle avec des sanglots effrayants ; mais le docteur, ainsi qu’il le dit plus tard, n’observa pas que miss Galindo s’intéressât beaucoup à la chose. Elle prodigua ses soins à la pauvre affligée, ne la quitta pas de la soirée, au lieu de revenir à Hanbury, et resta auprès d’elle pendant plusieurs jours, tandis que le docteur allait aux funérailles. Plus tard, lorsqu’ils apprirent l’ancien amour que le défunt et miss Galindo avaient eu l’un pour l’autre, histoire que leur racontèrent des amis communs dans cette revue qu’on fait en général de la vie d’un homme qui vient de mourir, ils cherchèrent comment s’était comportée la pauvre Laurentia pendant le séjour qu’elle avait fait chez eux, à l’occasion des obsèques de Mark. Elle avait été plus pâle, plus silencieuse qu’à l’ordinaire ; on lui avait vu le nez rouge et les paupières gonflées ; mais elle était à un âge où l’on attribue de pareils symptômes à un rhume de cerveau un peu grave plutôt qu’à un motif sentimental. Le docteur et sa femme avaient pour elle l’espèce d’affection qu’on accorde à une vieille fille excentrique, obligeante et dévouée, que l’on connaît depuis longtemps ; elle n’en demandait pas davantage, et ne faisait rien pour leur rappeler que jadis elle avait pu avoir d’autres espérances, et des sentiments plus jeunes.

Lorsqu’il revint des funérailles de son beau-frère, le docteur remercia chaudement la vieille miss des bontés qu’elle avait eues pour sa femme ; et la priant de rester avec eux au moment où, par discrétion, elle se disposait