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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/224

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AUTOUR DU SOFA.

coutume de le faire de temps à autre ; miss Galindo répondit qu’elle avait un gros rhume qui l’empêchait de sortir. La prochaine fois qu’elle fut invitée, c’était un engagement qui la retenait chez elle ; puis, enfin, elle avoua qu’une jeune amie était venue partager sa solitude, et qu’il lui était matériellement impossible de la quitter. Sa Seigneurie accepta, sans mot dire, toutes les défaites qui lui étaient données ; mais elle n’en souffrait pas moins de ne plus voir la vieille fille, qui nous manquait également. À l’époque où miss Galindo remplissait les fonctions de commis, elle trouvait toujours le moyen, quand sa besogne était faite, de venir causer un instant avec l’une ou l’autre de mes compagnes, et surtout avec moi. Or, il faut vous dire que, soit à cause de mon infirmité, soit tendance naturelle, j’avais un goût particulier pour les cancans du village. Nous n’avions plus M. Horner qui, de temps à autre, venait avec gravité nous faire part des nouvelles importantes qui circulaient dans la commune ; et je vous laisse à penser combien je regrettais la conversation de la vieille fille. Milady n’en parlait pas, mais je suis sûre qu’au fond du cœur elle éprouvait le besoin d’entendre jaser miss Galindo, qui semblait perdue pour nous depuis l’arrivée de Bessy.

Le capitaine James pouvait avoir des qualités précieuses ; il lui était cependant impossible de remplacer les vieux amis. C’était un franc marin, tel que les marins étaient à cette époque ; il mettait de la promptitude et du cœur dans les moindres choses ; mais il jurait souvent, buvait sec, bien qu’il n’y parût jamais ; et n’ayant pas l’habitude de vivre avec les femmes, ainsi que le disait lady Ludlow, il jugeait avec précipitation et n’acceptait pas les conseils qui lui étaient donnés. Sa Seigneurie avait espéré que le nouveau régisseur ne ferait rien sans avoir pris ses ordres ; ou tout au moins sans l’avoir consultée ; mais