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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/223

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LADY LUDLOW.

Je suis sûre aujourd’hui que miss Galindo avait plus d’une fois aspiré au moment où Bessy viendrait demeurer chez elle ; néanmoins tant qu’elle put suffire à payer la pension de la jeune fille, elle n’avait pas osé faire venir l’orpheline, sachant bien l’effet douloureux que produirait sur milady cette mesure audacieuse.

Mais Bessy était maintenant dans sa dix-neuvième année ; elle avait atteint l’âge où d’ordinaire on est sortie de pension ; et comme à cette époque il y avait peu de familles où l’on prît des institutrices, comme en outre Bessy n’avait aucun état qui pût lui faire gagner son pain, je ne vois pas trop ce qu’elle aurait pu devenir, si la vieille fille ne l’avait prise chez elle ; d’autant plus, qu’avec la meilleure volonté du monde, il était impossible à miss Galindo de continuer à payer la pension depuis qu’étant devenue commis de M. Horner, elle avait dû renoncer aux bénéfices qu’elle tirait de son aiguille. Peut-être n’était-elle pas fâchée d’être contrainte par la force des choses, à prendre le parti désespéré qui répondait à ses vœux. Toujours est-il que, d’une façon ou de l’autre, miss Bessy vint habiter le village peu de temps après que le capitaine James eut rendu à miss Galindo la liberté de surveiller sa maison et de s’occuper de ses propres affaires.

Quant à moi, il se passa fort longtemps avant que j’apprisse quelque chose sur la nouvelle arrivée. Lady Ludlow ne paraissait pas même se douter qu’il y eût une personne de plus dans la paroisse ; elle ne voyait et n’entendait rien à l’égard des gens qui n’avaient pas le droit légal d’exister ; et si miss Galindo avait eu l’espérance de lui voir faire une exception en faveur de sa protégée, elle avait fait une singulière méprise.

Milady écrivit un jour à la vieille fille pour la prier de venir prendre le thé au château, ainsi qu’elle avait