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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/239

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LADY LUDLOW.

« Si le capitaine James, dit-elle, vient demain matin, je lui parlerai de ces Brooke ; je ne l’ai pas fait jusqu’à présent dans la crainte de le blesser par la simple supposition qu’il pouvait connaître ces gens-là. Mais il n’y a plus moyen de reculer ; je dois agir et faire mon devoir envers lui et ce malheureux dissident ; je ne doute pas que l’erreur de celui-ci ne vienne de son ignorance, et il est probable qu’après avoir étudié ces ouvrages de nos meilleurs théologiens, il rentrera dans le giron de la véritable Église. »

Je ne pouvais rien dire à ce sujet, car, bien que Sa Seigneurie m’eût fait part du titre des volumes en question, je n’en étais pas plus avancée relativement à leur contenu. J’étais, d’ailleurs, très-préoccupée de mon changement de résidence et j’éprouvais le besoin d’en parler à milady. Aussitôt que je lui eus montré la lettre de mon frère, elle se mit à chercher les moyens qui pouvaient me permettre d’aller vivre avec lui, ajoutant qu’il serait possible que le changement d’air rétablît ma santé. On pouvait tout lui confier sans crainte qu’elle ne donnât à vos paroles une fausse interprétation ; d’ailleurs elle s’oubliait toujours et ne songeait pas à se blesser de ce que les autres voulaient faire. Je lui dis que j’avais été bien heureuse pendant les quelques années que j’avais passées chez elle, mais que je me demandais si je n’avais pas certains devoirs à remplir ; mon frère avait besoin d’un intérieur, et les services que je pouvais lui rendre à cet égard, si limités qu’ils fussent en raison de mon état maladif, m’empêcheraient tout au moins de me livrer à ces accès de tristesse et d’abattement où je tombais quelquefois ; sans compter le bénéfice que j’espérais tirer du climat fortifiant du Nord.

Il fut donc arrêté que je partirais avant peu. Ainsi qu’il arrive toujours lorsque nous devons changer d’exis-