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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/248

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AUTOUR DU SOFA.


Nous avions si bien pris l’habitude d’écouter miss Marguerite, que le lundi suivant personne ne trouvait rien à dire.

« Oh ! que je serais contente ! m’écriai-je, si quelqu’un nous racontait une histoire. »

Aussitôt le bon docteur, qui par hasard se trouvait là, répondit qu’il avait préparé une notice pour la Société de philosophie, et qu’il ne demandait pas mieux que de nous lire ces quelques pages avant de les envoyer à leur adresse. C’était en grande partie dans un livre français, publié par un académicien, qu’il avait puisé ses matériaux. Le résumé qu’il en avait fait pouvait, disait-il, être un peu aride ; mais néanmoins, il traitait d’une chose intéressante. L’idée lui en était venue pendant un voyage en Bretagne, où des portes murées, pratiquées autrefois dans certaines parties insolites de quelques vieilles églises, avaient attiré ses regards. Aux questions qu’il avait faites à ce propos, on lui avait répondu que jadis ces portes servaient à une caste méprisée, qui avait alors, dans la plupart des contrées de l’Europe occidentale, une position analogue à celle des parias dans l’Inde. Cette réponse avait éveillé l’intérêt du docteur, il avait fait des recherches à l’égard de ces réprouvés, et c’était l’ensemble de ses notes qu’il se proposait de nous lire.

Je crus tout d’abord que cette lecture m’ennuierait ; mais il fallait bien se résigner à l’entendre, et je fus toute surprise de la trouver beaucoup plus intéressante que je ne l’avais espéré.