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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/247

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LADY LUDLOW.

quitta sa place et fit absolument comme la femme du boulanger ; mais quel grand air et quelle grâce ! Et quel regard elle promena sur nous tous ! L’impudent Tom devint cramoisi, et la vicairesse d’Headleigh n’osa plus ouvrir la bouche du reste de la soirée. Quant à moi, les pleurs m’en vinrent aux yeux, et M. Gray, qui jusqu’alors avait gardé le silence, et montré un embarras dont j’ai dit à Bessy qu’il faudra qu’elle le corrige, M. Gray fut si heureux de cette bonne action de milady qu’il en retrouva la parole et devint l’âme de la société.

« Oh ! Marguerite Dawson, je me demande quelquefois si vous n’avez pas eu tort de partir. Il est certain que vous êtes avec votre frère, et je connais la force des liens du sang ; mais quand je regarde milady et M. Gray, bien qu’ils soient si différents l’un de l’autre, je me dis que je ne changerais pas de résidence avec qui que ce soit en Angleterre. »

Hélas ! je n’ai jamais revu lady Ludlow ; elle mourut en 1814, et M. Gray ne lui survécut pas longtemps. J’ai su qu’Henry Gregsone était maintenant curé de la paroisse d’Hanbury, et qu’il a épousé la fille de miss Bessy et de M. Gray.


Il avait fallu, comme vous le supposez bien, plusieurs soirées à mistress Dawson pour nous raconter cette histoire de sa jeunesse. Ma gouvernante pensa que ce serait pour moi un bon exercice que d’écrire tous les mardis matin ce que j’avais entendu la veille, et c’est ainsi que je me suis trouvée possesseur de l’histoire de lady Ludlow.