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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/293

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LA DESTINÉE DES GRIFFITH.

sur le compte de l’envie. Elle était de taille moyenne, comme la plupart des femmes galloises, mais admirablement faite, et d’un léger embonpoint qui donnait de la rondeur à ses membres délicats ; son petit bonnet, ajusté avec soin, allait à merveille à sa figure excessivement jolie, sans que les traits en fussent réguliers le moins du monde ; son charmant visage était rond, presque ovale, d’une extrême fraîcheur, bien que la peau en fût très-brune ; le menton et les joues étaient troués de fossettes, et les lèvres, trop courtes pour se rejoindre et cacher de petites dents perlées, étaient les plus rouges qu’Owen eût jamais vues. Le nez pouvait être critiqué, mais les yeux étaient splendides : si bien fendus, si brillants et pourtant si doux parfois, sous leur frange épaisse de cils noirs ! Les cheveux châtains, soigneusement nattés, se relevaient sous le bord de la coiffe de dentelle. Assurément la jeune fille savait faire valoir ses charmes, car les couleurs de son fichu s’harmoniaient à merveille avec la nuance de son teint.

L’évidente coquetterie avec laquelle cette jeune beauté répondait à la foule d’admirateurs qui l’entouraient, amusa le gentilhomme ; et bientôt le fils du seigneur de Bodowen fut lui-même à côté de la charmante paysanne, dont il captiva si bien les regards que les pauvres négligés s’éloignèrent pour aller s’asseoir auprès d’une belle qui fût plus attentive.

Le jeune squire était subjugué ; la jolie fille avait plus d’esprit et d’instruction qu’il ne l’aurait cru possible ; elle joignait à cela un abandon plein de charme ; et sa voix pure était si douce, son attitude si gracieuse, qu’entièrement fasciné sans le savoir, Owen s’oubliait à contempler cette figure rougissante, dont les yeux s’étaient baissés vivement sous son regard.

Tandis qu’ils étaient silencieux, elle, toute confuse de