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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/294

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AUTOUR DU SOFA.

l’admiration qu’elle inspirait, lui s’étonnant de la voir devenir plus belle encore, le père s’approcha, dit quelques mots à sa fille, puis, ayant adressé la parole à Owen, finit par l’entretenir d’un endroit de la presqu’île de Penthryn où il y avait beaucoup de sarcelles. Bref, il termina en demandant au jeune gentleman la permission de le conduire à ce marécage, si jamais il avait envie d’y aller ; Sir Griffith n’aurait pour cela qu’à venir le voir et à lui faire l’honneur d’accepter une place dans son bateau. Owen, tout en écoutant cette proposition avec plaisir, n’était pas tellement absorbé par les paroles du père, qu’il ne s’aperçût de la conduite de la fille ; celle-ci refusait toutes les invitations qui lui étaient faites de prendre part à la danse ; et notre jeune homme, flatté de ces refus qu’il interprétait en sa faveur, redoubla d’attentions pour la jeune paysanne, jusqu’au moment où le père vint annoncer qu’il était temps de partir.

« Peut-être, dit celui-ci à Owen, après lui avoir rappelé sa promesse, peut-être ne me connaissez-vous pas ; mon nom est Ellis Pritchard, et je demeure à Ty-Glas, de ce côté-ci de Moël Gêst ; il n’est personne qui ne puisse vous en indiquer le chemin. »

Owen, de son côté, se disposait à retourner au manoir, lorsque, rencontrant Martha, il ne put résister au désir de la questionner sur Ellis Pritchard, et surtout sur la fille de celui-ci. L’hôtesse fit une réponse un peu brève, quoique respectueuse, et ajouta en hésitant :

« Vous connaissiez les trois choses qui se ressemblent, Maître Griffith : Une belle grange sans blé, une belle coupe sans breuvage, une belle fille sans réputation. »

Puis elle s’éloigna précipitamment, et Owen, reprit avec lenteur le chemin qui conduisait chez son père.

Ellis Pritchard, mi-pêcheur, mi-fermier, assez généreux et brave homme pour être aimé de ses égaux, n’en était