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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/302

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AUTOUR DU SOFA.

rable de tous les bébés qui aient jamais fait l’orgueil des parents les plus tendres, cria de joie, et frappa dans ses petites mains, lorsque sa mère le prit dans ses bras pour aller, sur le seuil de la porte, guetter l’arrivée du jeune homme qui se dirigeait vers Ty-Glas ; et quand tous les trois rentrèrent dans la maison, il était difficile de dire quel était le plus heureux de la famille.

Owen prit l’enfant et se mit à jouer avec lui, pendant que la jeune femme, assise au pied du dressoir, travaillait à l’aiguille, et racontait à son mari tout ce qui s’était passé depuis la dernière fois qu’il était venu : les gentillesses et les malices du bébé ; le résultat merveilleux de la pêche de la veille, et les quelques nouvelles de Penmorfa qui étaient parvenues jusqu’à Ty-Glas. Elle avait observé que la figure de son mari s’attristait toutes les fois qu’il était question de Bodowen, et c’est pour cela qu’elle se gardait bien d’en parler. Jamais cette réserve n’avait été plus opportune ; car depuis quelque temps, surtout, le jeune Griffith avait eu beaucoup à souffrir de l’humeur de son père, qui devenait de plus en plus irascible.

Comme ils causaient avec abandon, caressant l’enfant tour à tour, la chambre s’assombrit tout à coup, l’ombre passa rapidement, et avant qu’ils eussent pu en rechercher la cause, ils se trouvèrent en face du squire de Bodowen. Celui-ci arrêta d’abord sur son fils un regard étonné, en voyant l’expression qui couvrait les traits de l’heureux père, si différent, dans sa joie de ce qu’il était au manoir ; puis il se tourna du côté de Nest, qui, tremblante, avait laissé tomber son ouvrage, et qui, n’osant pas bouger, attachait ses yeux sur son mari, comme pour lui demander protection.

Le squire de Bodowen, l’œil en feu, la figure pâle, tant sa colère était grande, la contempla en silence pendant