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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/48

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AUTOUR DU SOFA.

de votre position a jamais eu le droit de se croire meilleur juge en pareille matière, qu’une personne ayant acquis l’expérience que donnent à la fois les années et le rang que j’occupe dans le monde.

— Si ma qualité de prêtre de cette paroisse, reprit M. Gray, me force à dire la vérité aux gens d’une humble condition, elle ne m’oblige pas moins, madame, de la faire connaître aux gens riches et titrés. »

Le pauvre jeune homme, cela se voyait à sa figure, en était arrivé à ce point de surexcitation qui chez les enfants se termine toujours par des larmes. Il avait puisé dans sa conscience le courage de faire une chose qui lui était souverainement antipathique, et il était facile de voir combien il souffrait de la contrainte qu’il s’était imposée ; chaque seconde augmentait son embarras, qui devint plus grand encore, lorsque ayant tourné les yeux de notre côté il découvrit notre présence.

« Monsieur, lui demanda Sa Seigneurie, dont le visage s’anima tout à coup, ne sentez-vous pas que vous êtes bien loin maintenant du sujet primitif de cette conversation ? Vous parlez des devoirs que vous avez à remplir envers vos paroissiens, permettez-moi de vous répéter que les communaux d’Haremane sont en dehors de la paroisse d’Hanbury, et que vous n’avez pas charge d’âmes à l’égard des gens qui habitent ce malheureux terrain.

— J’ai eu tort de vous parler de cette affaire, madame, je le vois maintenant ; j’ai nui à la cause que j’aurais voulu défendre, répondit tristement l’ecclésiastique ; pardonnez-moi, madame, et permettez que je prenne congé de Votre Seigneurie. »

M. Gray s’inclina d’un air profondément affligé qui frappa lady Ludlow.

« Je vous souhaite le bonjour, lui dit-elle un peu plus