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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/51

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LADY LUDLOW.

Autant que nous pûmes en juger, milady hésita au moment d’entrer dans l’un de ces bouges, et ne se décida pas même à questionner les enfants qui barbotaient dans la fange autour de ces masures. Cependant, elle disparut dans l’un de ces cottages, où elle resta huit ou dix minutes, qui nous parurent bien longues. Quand elle en sortit, elle avait la tête basse, non pas cette fois pour choisir la terre sèche, mais sous l’impression d’un sentiment qui paraissait la bouleverser. Elle reprit sa place dans la voilure, ne sachant pas encore la route qu’elle devait suivre ; John attendait, le chapeau à la main, les ordres qu’il fallait transmettre au cocher.

« Manoir d’Hataway, dit milady après un instant de réflexion. Chères petites, ajouta-t-elle en s’adressant à nous, si vous êtes fatiguées, ou si mistress Medlicott vous attend pour un objet quelconque, je vous descendrai à Barford, qui est tout au plus à un quart d’heure du château. »

Nous nous empressâmes de répondre que mistress Medlicott n’avait pas besoin de nous ; il était probable que la masure d’où sortait milady était celle de Job Gregsone, et nous avions trop envie de savoir comment tout cela finirait pour avouer notre fatigue. Nous allâmes donc avec Sa Seigneurie jusqu’au manoir d’Hataway. M. Henry Lathom, le nouveau juge, possesseur de ce manoir, était un célibataire de trente à trente-cinq ans, plus à son aise dans les champs que dans un salon, et beaucoup plus habitué à la société des chasseurs et des palefreniers qu’à celle des femmes.

Milady ne pouvait pas songer à descendre ; c’était à M. Lathom de venir la trouver à son carrosse ; elle ordonna donc au maître d’hôtel, brave homme qui tenait du garde-chasse et ne ressemblait nullement au magnifique gentleman à tête poudrée qui, chez nous, remplis-