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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/58

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CHAPITRE III.

C’est peu de temps après cette course d’Hataway au château, que je ressentis une douleur dans la hanche, dont le résultat fut de me rendre infirme pour le reste de mes jours. Je ne me rappelle pas avoir fait une seule promenade depuis la soirée où nous revînmes de chez M. Lathom, en compagnie de M. Gray. Je ne l’ai jamais dit ; mais j’ai supposé autrefois que le mal avait eu pour origine un saut énorme que j’avais fait, précisément ce jour-là, du sommet d’un échalier. Peu importe ; il y a longtemps que c’est passé ; Dieu dispose de nous tous, et je ne vous fatiguerai pas du récit de mes souffrances, du découragement qui s’empara de moi, lorsque je vis enfin qu’il n’y avait plus d’espoir. Songez un peu au chagrin que ce doit être de se trouver tout à coup impotente, de penser qu’on ne guérira jamais, qu’on sera toute sa vie un fardeau pour les autres, quand on a dix-sept ans, que la veille encore on était vive, alerte, pleine de force et de jeunesse, et qu’on appelait de tous ses vœux l’instant où l’on pourrait aider ses frères et sœurs à faire leur chemin dans le monde. Je vous dirai seulement qu’au nombre des bienfaits que me valurent mes souffrances et qui m’en dédommagèrent, fut la bonté avec laquelle lady