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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/88

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CHAPITRE V.

La marquise était logée dans une espèce d’auberge, triste réduit qu’avaient indiqué à son fils les pêcheurs qui les avaient amenés de Hollande, croyant passer des paysans frisons, dont tous les deux portaient le costume. Je fus obligée de faire monter dans ma voiture la femme qui m’avait apporté la lettre, car mon cocher ne savait pas où était la rue en question. J’envoyai cette femme demander si je pouvais entrer chez la marquise, et l’instant d’après je vis arriver Clément, dont la taille élégante se cachait sous des habits d’étoffe grossière, qui juraient de la façon la plus curieuse avec ses traits fins et distingués. Je voulus prendre sa main et la serrer ; mais il s’inclina et mit un baiser sur la mienne.

« Puis-je entrer, madame ? demandai-je en regardant sa pauvre mère qui gisait dans l’ombre sur un grabat, la tête soutenue par des oreillers crasseux, et qui tournait vers la porte un regard tout effaré.

— Clément ! » s’écria-t-elle avec effroi.

Elle s’imaginait toujours qu’on voulait lui prendre son fils pour l’emmener en prison. Je finis cependant par entrer dans la chambre et par causer avec le jeune homme sans effrayer la mère. Lorsque j’eus appris le nom du