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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/87

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LADY LUDLOW.

m’avait quittée, pensant que j’irais dans l’un des nombreux endroits où nous étions attendus ; mais je n’avais pas le courage de sortir. C’était l’anniversaire de la naissance de mon pauvre Urian, et je ne pouvais surmonter ma tristesse. Le jour baissait ; je n’avais pas même sonné pour avoir de la lumière. Je songeais à ce pauvre enfant, à sa nature affectueuse et sensible ; je me reprochais de lui avoir souvent parlé d’une façon un peu vive, d’avoir perdu de vue son ami Clément, auquel il était si attaché, et qui avait peut-être besoin de secours à cette époque de sang et de misère. J’y pensais avec remords, lorsque Fenwick m’apporta un billet scellé d’un écusson qui m’était familier, bien qu’il me fût impossible de me rappeler où je l’avais vu. J’ouvris enfin la lettre ; elle était de Clément de Courcy :

« Nous sommes à Londres depuis quelques jours, me disait-il ; ma mère est très-malade. Je suis tout dépaysé dans cette ville étrangère ; seriez-vous assez bonne pour m’accorder quelques minutes d’audience ? »

C’était la maîtresse de la maison où ils étaient descendus qui m’apportait ce billet ; je la fis entrer dans l’antichambre et la questionnai moi-même, tandis qu’on préparait la voiture.

Mme de Courcy et son fils étaient arrivés depuis une quinzaine environ ; la mère n’avait pas quitté le lit depuis cette époque, et n’avait été soignée que par ce pauvre Clément. La femme qui me donnait ces détails ignorait la qualité de ses hôtes, et les jugeant, ainsi que le font tous ses pareils, d’après leurs habits et leurs bagages, les croyait assez pauvres. Elle ne pouvait, du reste, m’en apprendre davantage, car elle ne comprenait guère ce pauvre Clément, qui avait presque oublié le peu d’anglais que mon fils lui avait appris autrefois.