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Page:Gaskell - Autour du sofa.djvu/9

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AUTOUR DU SOFA.

Cette chère mistress Dawson ! toutes les fois que son nom traverse mon esprit, il me semble qu’un rayon de soleil vient éclairer le salon obscur du professeur, ou que le parfum des violettes s’élève d’un sentier que je parcours avec tristesse.

C’était la sœur et non la femme de mon médecin ; une pauvre infirme qui, selon son expression, avait reçu bien jeune son brevet de vieille fille.

Quinze jours après notre arrivée chez les Mackensie, M. Dawson avait dit à miss Duncan :

« Ma sœur m’a chargé de vous dire que tous les lundis soir quelques personnes viennent causer autour du sofa où elle est étendue ; les uns nous quittent pour aller dans le monde, les autres restent un peu plus longtemps ; si vous croyez que cela puisse vous offrir la moindre distraction, ainsi qu’à miss Great, nous serons heureux de vous recevoir. On arrive entre sept et huit, et je vous préviens qu’on se retire à neuf heures. Je ne suis pas bien sûr que cela vaille la peine de se déranger ; toutefois, Marguerite m’ayant prié de vous avertir, j’ai dû faire sa commission. »

Le docteur avait dit ces paroles d’une voix mal assurée ; il attachait sur nous un regard attentif, et s’il avait découvert le moindre signe qui témoignât de notre répugnance à répondre à l’engagement qu’il nous faisait, je ne doute pas qu’il n’eût aussitôt retiré sa demande, tant il était chatouilleux à l’égard de tout ce qui concernait sa sœur.

Mais c’eût été pour aller chez le dentiste, que j’aurais accueilli une invitation avec plaisir, tellement j’étais fatiguée de notre existence monotone. Quant à ma gouvernante, c’était à son sujet une marque d’estime trop flatteuse pour qu’elle ne s’empressât pas d’accepter. Le regard perçant du docteur ne découvrit donc, sur notre visage, que