Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/104

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— Point, répondis-je, il est débarqué. J’ai reçu de lui une lettre datée d’Halifax. »

Les questions immédiatement tombèrent sur moi dru comme la grêle. Où cela ? comment ? que devenait-il ? se plaisait-il là-bas ? et que sais-je ? La tante me raconta qu’un jour où le vent avait abattu le vieux cognassier du fond, elle avait demandé au ministre une prière pour les voyageurs en mer.

« N’est-ce pas, Phillis ? » ajouta-t-elle.

Phillis, forcée de répondre, prit la parole sur un ton plus élevé que de coutume.

« Oui, dit-elle, nous pensions que la traversée durait un mois…, mais c’est sans doute par navires à voiles.

— Et, demanda le ministre, il ne sait probablement pas encore si son travail lui convient.

— Non, répondis-je, il venait à peine de descendre à terre… Voulez-vous, du reste, que je vous lise ce qu’il m’écrit ?…


« Nous voilà, cher Paul, débarqués sains et saufs après une rude traversée. Je pense que vous serez aise de le savoir ; mais on signale en ce moment même le départ du bateau-poste. Je vous écrirai d’ici à peu.

« N’y a-t-il pas un an que j’ai quitté Hornby, cent ans que j’ai quitté la ferme ?

« Mon bouquet est arrivé intact.

« Rappelez-moi au souvenir des Holman.

« Votre affectionné,
« E. H. »


— Il n’y en a pas long, remarqua le ministre ; mais n’importe, on est bien aise, quand le vent souffle, de savoir ses amis à terre. »