Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/105

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Phillis n’ajouta rien ; elle avait la tête baissée sur son ouvrage, mais je n’imagine pas qu’elle eût tiré l’aiguille une seule fois pendant tout le cours de ma lecture.

Devina-t-elle de quel bouquet était question ? Je ne me charge pas de le dire. Toujours est-il que lorsqu’elle nous montra son visage, on pouvait voir sur ses joues, naguère si pâles, deux plaques d’un rouge vif.

Après une ou deux heures de bonne causerie, il fallut repartir pour Hornby. Je ne savais, dis-je à mes parents, quand je serais libre de revenir les voir, attendu qu’on venait de commencer cet embranchement d’Hensleydale dont les études avaient coûté une si belle fièvre à notre ami Holdsworth.

« À Noël cependant, me dit ma tante, on vous donnera bien quelques jours de congé…

— Ce pauvre garçon, fit observer le ministre, voudra sans doute aller les passer dans sa famille. »

En somme, ils désiraient tous me revoir, et Phillis plus particulièrement me sollicitait par des regards dont l’expression suppliante avait quelque chose de presque irrésistible. D’ailleurs, je ne songeais point à résister ; certain que mon nouveau patron ne me donnerait pas un congé assez long pour me laisser le temps d’aller à Birmingham, je n’avais pas de meilleur parti à prendre que de venir passer vingt-quatre ou quarante-huit heures chez ma bonne tante.

Il fut donc convenu que nous nous retrouverions le jour de Noël à la chapelle d’Hornby, que j’accompagnerais mes parents après le service, et que je resterais avec eux, si cela était possible, toute la journée du lendemain.