Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/109

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Évidemment elle venait de se réfugier dans le sanctuaire de son enfance, ne songeant pas, que l’empreinte de ses pieds, laissée sur la neige encore intacte, livrerait le secret de sa fuite.

Le tas de bois s’élevait assez haut ; mais, à travers les interstices des troncs disjoints, je distinguais parfaitement la taille de ma cousine, sans savoir au juste par où je pourrais arriver auprès d’elle.

Phillis était assise sur un bloc de bois ; sa joue reposait sur la tête de Rover, ce compagnon fidèle, dont un de ses bras entourait le cou ; elle lui demandait instinctivement un point d’appui et quelque peu de chaleur, bien nécessaire par ce temps rigoureux. Rover, tout heureux de se sentir caressé, ou touché de quelque secrète sympathie, battait de sa queue le bois sonore, mais sans remuer ni pied ni patte, jusqu’au moment où mon approche lui fit dresser l’oreille. Alors, avec un aboiement bref et soudain, il fit mine de s’élancer.

Pendant un moment, nous restâmes tous les deux immobiles. Je n’étais pas bien assuré que le sentiment auquel j’obéissais ne me conduisît pas à quelque fausse démarche, et cependant il me semblait impossible de laisser se détruire ainsi la douce sérénité de cette chère enfant, lorsque j’avais un remède à ses souffrances ; mais je ne pouvais respirer assez bas pour les oreilles exercées de Rover : il m’entendit et se dégagea des mains de Phillis. « Toi aussi, tu me quittes donc ? lui dit-elle avec l’accent du reproche.

— Cousine, m’écriai-je en voyant s’échapper Rover par cette issue que je n’avais pas encore su deviner, Phillis, descendez, sortez de là ! Vous êtes déjà souffrante, et vous ne devez pas rester ainsi en plein air par un temps aussi rude… Vous savez combien tout le monde en sera inquiet et mécontent. »