Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/117

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« Cependant, me disais-je, il faut que je m’exagère cette métamorphose, puisque ni son père ni sa mère ne s’en aperçoivent. Ce sont des chimères que mon imagination se forge… »


XVIII


Un grand changement allait se produire dans ma vie. Mon engagement avec le chemin de fer de *** expirait au mois de juillet suivant, la construction des divers embranchements étant terminée. Je quittais en conséquence le comté de *** pour retourner à Birmingham, où m’attendait un poste laissé tout exprès vacant dans les bureaux de mon père, alors en pleine prospérité ; mais il était bien entendu qu’avant de quitter le nord de l’Angleterre j’irais passer quelques semaines à Hope-Farm.

On m’y préparait toute sorte de distractions et d’excursions pendant ce dernier séjour plus prolongé que les autres, et je me serais assez volontiers associé à de si agréables anticipations, n’eût été le souvenir importun de « l’imprudence » que j’avais commise.

J’étais trop familiarisé maintenant avec les us et coutumes domestiques de Hope-Farm pour éprouver le moindre embarras en y débarquant. Je connaissais ma chambre, je m’y installais sans dire gare, comme le fils de la maison. Cela fait, je savais où me rendre pour retrouver mes hôtes absents.

La chaleur était intense au moment où j’arrivai. Les oiseaux accablés ne chantaient plus, à l’exception de quelques ramiers abrités dans l’épaisseur des bois ; en revanche, mille bourdonnements d’insectes emplissaient l’air tiède et lumineux. On entendait aussi dans le loin-