Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/178

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tions, de la confiance de tous les grands propriétaires du ***-shire.

Malheureusement, cette lettre parvint à son adresse, alors que venait de s’arranger le mariage de l’aîné des Corbet, capitaine dans l’armée, avec lady Maria Brabant, dont le père, entiché de sa noblesse et de son titre de comte, habitait précisément le comté dans lequel Hamley est situé. Lady Maria était justement en visite chez les parents de son futur, lorsque arriva la missive de l’attorney, incluse dans une notification de maître Ralph. On la consulta, comme cela ne pouvait manquer, sur le compte des Wilkins. Or, elle appartenait justement à cette aristocratie exclusive qui professait un souverain mépris pour le présomptueux légiste, et chez laquelle ses prétentions nobiliaires avaient trouvé si mauvais accueil. Aussi, quoique au fond lady Maria fût une assez bonne personne, l’idée d’avoir pour belle-sœur la fille d’un procureur parvenu lui dicta quelques paroles assez peu obligeantes. — « On me voyait pas les Wilkins… Les de Wenton les désavouaient en se moquant d’eux… Son père ne s’arrangerait guère de pareilles relations, alors même qu’ils seraient apparentés par le mariage dont parlait Ralph… » Il n’en fallut pas davantage pour mettre aux champs la susceptibilité aristocratique des Corbet. Ils ne voulurent provisoirement pas admettre qu’un engagement sérieux, une promesse valable, obligeât un des leurs à conclure un mariage aussi disproportionné sous le rapport de la naissance. Le chef de la famille, harcelé de toutes parts, — d’ailleurs aimant la paix et peu disposé à se créer des difficultés au sein de son entourage, — se laissa convaincre par tous ces propos et, sans répondre directement à M. Wilkins, écrivit à Ralph dans des termes assez peu mesurés. « À coup sûr, lui disait-il, vous êtes libre d’épouser qui vous voudrez, mais