Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/65

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chemin. Ellison, le propriétaire des Borough Green works est venu me proposer de l’exploiter en commun.

— M. Ellison, le juge de paix ? m’écriai-je abasourdi, celui qui loge dans King-street, celui qui roule carrosse ?

« — Oui, garçon, celui-là même. Ceci ne veut pas dire que je roulerai carrosse à mon tour, mais enfin si je pouvais épargner à votre mère la fatigue d’aller à pied… Bref, on m’offre un tiers, et je pense que cela pourrait marcher ainsi, car ce tiers représenterait au bas mot sept cents livres par an… Autre chose, Ellison n’a pas de garçon, et je ne vois pas pourquoi, dans un temps donné, la direction de l’affaire ne te reviendrait pas. Pour moi, cela vaudrait mieux que tout l’or du monde. Maintenant Ellison a des filles, mais toutes jeunettes, et qu’on ne songe pas à marier encore ; il n’est pas certain d’ailleurs qu’elles épousent des gens du métier… Dans tout cela, il y a de quoi te faire ouvrir l’œil… Je ne te vois pas les dispositions d’un inventeur ; mais ceci peut-être vaut mieux pour toi que si tu t’amourachais, comme cela m’arrive, de choses que tu n’as pas vues, que tu ne verras peut-être jamais… À propos, sais-tu que les parents de ta mère me conviennent à merveille ? Ce ministre est un homme selon mon cœur ; je l’aime déjà comme un frère. La mère Holman paraît une bonne créature, et je te dirai à la bonne franquette que Phillis Holman me va aussi très-bien… Je serais vraiment charmé le jour où tu me l’amènerais en me disant : Voilà votre fille ! Elle n’aurait pas un sou vaillant que ce serait exactement la même chose ; mais enfin il y a une maison, un domaine, et.. »

Je l’aurais laissé parler bien longtemps sans songer à l’interrompre, tant cette idée du mariage, — idée souvent caressée dans mes rêves de jeune homme, — prenant