Page:Gaskell - Cousine Phillis.djvu/88

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ouvrit alors ses ailes de feu, et presque aussitôt un roulement de tonnerre annonça le début de l’orage. Il arrivait plus tôt que je ne l’avais prévu, plus tôt que les autres n’y comptaient. La pluie ne se fit pas attendre et tomba dès l’abord par torrents.

Où fuir ? où se réfugier ? Phillis n’avait sur elle que son vêtement habituel, — pas de chapeau, pas de châle, rien qui la protégeât le moins du monde. Holdsworth retira sa veste, qu’il roula comme il put sur les épaules et autour du cou de la jeune fille, puis, sans presque rien dire, il nous conduisit à la hâte vers une des tranchées de sable dont le sommet, surplombant la base, nous offrait tant bien que mal une espèce d’abri.

Nous étions là fort serrés, tapis l’un contre l’autre, Phillis tout au fond et trop bien empaquetée pour pouvoir dégager ses bras de leur enveloppe étroite, qu’elle s’efforçait en vain de replacer sur les épaules de Holdsworth. Tandis qu’elle se démenait ainsi, l’extrémité de ses doigts vint à frôler le bras du jeune homme, recouvert maintenant d’une simple toile.

« Mon Dieu ! s’écria-t-elle aussitôt avec un accent d’inquiétude et de compassion, vous êtes trempé… À peine délivré de votre fièvre, qui sait ?… Ah ! monsieur Holdsworth, je ne me pardonnerai jamais… »

Tournant un peu la tête du côté de Phillis et lui adressant un amical sourire :

« Si je prends froid, lui dit-il, je n’aurai que ce que je mérite pour vous avoir attirés et retenus sur cette brande. »

Mais Phillis ne s’arrangeait guère de cette explication

« Mon Dieu ! mon Dieu ! murmurait-elle, que je suis donc fâchée d’être venue ! »

Le ministre, à son tour, prit la parole.

« Dieu merci, dit-il, le foin est sauvé ; mais la pluie ne