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XII


Quand l’installation de nos bureaux à Hornby fut terminée, j’ai dit, ce me semble, que nos visites à la ferme devinrent presque quotidiennes. Dans cette intimité toujours plus étroite, la tante et moi, nous nous trouvions les moins intéressés. M. Holdsworth, une fois guéri, ne s’appliqua plus autant à se rendre intelligible pour elle. Il causait par-dessus sa tête, pour ainsi dire, avec les autres membres de la famille, et l’embarrassait par ses continuelles ironies. Ce n’était pas chez lui préméditation ; mais il ne savait trop que dire à cette excellente créature, d’une intelligence peu cultivée, et dont toutes les préoccupations étaient circonscrites dans l’étroit horizon de la vie de famille.

On sait quelle espèce de jalousie naïve Phillis inspirait à sa mère, lorsqu’elle entraînait ou suivait le ministre dans une sphère de spéculations plus hautes, inaccessible à la pauvre femme. La plupart du temps, en pareil cas, M. Holman ramenait à dessein la conversation sur les sujets pratiques où l’expérience de la mère de famille lui donnait une supériorité marquée. Phillis alors, — sans même avoir conscience des secrets mobiles qui faisaient agir ainsi le ministre, — s’y conformait tout naturellement, docile aux moindres impulsions paternelles.

Quant à Holdsworth, il inspirait toujours au chef de la famille une espèce de méfiance plutôt exprimée que ressentie, et occasionnée surtout par ces légèretés de parole qui pouvaient faire douter du sérieux de ses pensées ; mais, je le répète, dans les protestations du ministre à ce sujet, on pouvait démêler en première ligne le désir de