Page:Gaskell - Les Amoureux de Sylvia.djvu/50

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un personnage de cet ordre. En somme pourtant c’était un cousin, peut-être même un fiancé, ce qui rendait naturellement le procédé moins énorme.

Philip Hepburn, pendant toutes ces réflexions, ne la quittait pas d’une semelle.

VII

TÊTE-À-TÊTE. — LE TESTAMENT.

Philip, en effet, se proposait d’accompagner les deux jeunes filles. Il passait ordinairement l’après-midi du dimanche à la ferme de Haytersbank, et Sylvia s’était bien doutée, dès leur rencontre dans le cimetière, qu’il voudrait lui servir d’escorte.

L’entretien de nos trois personnages fut bientôt ramené sur l’intéressant malade, dont Molly disait tout le bien possible, comme d’un harponneur tout à fait hors ligne et à qui ses patrons faisaient mille avantages exceptionnels.

« Encore sera-t-il bien avisé de ne pas trop fréquenter ces parages d’ici à quelque temps, remarqua Philip.

— Et pourquoi cela ? demanda Molly toujours prête à défendre son cousin.

— À cause du procès qu’on veut lui faire pour avoir tiré sur l’équipage.

— En voilà, des mensonges, s’écria Molly… Jamais il n’a tué que des baleines, je vous en réponds… Ou bien, s’il l’a fait, c’est qu’il en avait le droit… Vous êtes étranges, vous autres Quakers, vous croyez qu’on peut voir massacrer ses amis sans rien dire… Car enfin ils ont bien tué Darley, n’est-ce pas ?