confuses et contradictoires auxquelles s’abandonnait ce jeune cœur ? Tantôt des résolutions de sagesse, et le dessein bien arrêté de se familiariser avec la pensée de la mort jusqu’à ce que « la tombe lui devînt aussi peu redoutable que son lit ; » — puis un souhait concernant Philip : c’était, hélas ! qu’il ne l’eût pas accompagnée ; — puis une idée qui la faisait frissonner : le harponneur avait-il bien réellement tué quelqu’un ? — Sous l’impression de ce doute fascinateur, elle ne pouvait s’empêcher d’évoquer dans son imagination le souvenir de cette grande taille affaissée, de cette hâve et mélancolique figure ; — à ceci succédait un mouvement de haine, un désir de vengeance dont la press-gang était l’objet, et si véhément, si passionné, qu’il emportait avec lui toutes les bonnes résolutions antérieures. Ainsi tourbillonnaient tour à tour, dans le cerveau de Sylvia, ces idées, ces questions, ces rêves, et ce fut l’un d’eux qui lui fit rompre le silence :
« Y a-t-il loin, d’ici aux mers du Groënland ? demanda-t-elle.
— Je l’ignore, répondit Philip quelque peu étonné… Voulez-vous que je m’en informe ?
— Ce n’est pas la peine. Mon père le sait… Il y est allé bien des fois.
— À propos, Sylvia, reprit Philip, ma tante désire que je vous donne cet hiver des leçons d’écriture et d’arithmétique… Je pourrais, si vous le voulez, commencer par venir deux fois la semaine… À partir de novembre, le magasin ne ferme plus bien tard. »
Mais Sylvia n’aimait beaucoup ni l’instruction en elle-même, ni celui qui s’offrait pour la lui donner ; aussi répondit-elle assez froidement que « les leçons feraient brûler trop de chandelle, et que sa mère n’aimait pas cela. »
— Oh, repartit le zélé professeur, ne vous tourmentez