Page:Gaskell - Les Amoureux de Sylvia.djvu/8

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stinct « chasseur » qui fait pour ainsi dire partie de tout homme complètement doué.

Au moment où débute ce récit, la presse n’avait pas encore fait grands ravages à Monkshaven. Seulement, à quatorze ou quinze milles en mer, l’Aurora, bon vaisseau de guerre, était à l’ancre, et eecevait les cargaisons humaines de différentes chaloupes de chasse stationnées le long de la côte, aux endroits où le « gibier » semblait vouloir donner. L’une d’elles, la Lively-Lady, était visible des hauteurs qui dominent Monkshaven et se tenait à portée de la ville, bien que dissimulée par une espèce de cap à l’examen habituel des bourgeois. Quant au cabaret dont nous avons déjà parlé, — la Randyvow-House[1], comme l’appelait le public, — il étalait naïvement son pavillon bleu autour duquel flânait volontiers l’équipage de la Lively-Lady, toujours prêt à faire boire les passants inavertis.

Ces préparatifs, si menaçants qu’ils pussent paraître, n’avaient pas encore soulevé au delà d’une certaine mesure l’esprit de méfiance et de révolte si naturel aux populations du Yorkshire.

II

LES REVENANTS DU GROENLAND.

Dans les premiers jours du mois d’octobre 1796, deux filles de fermier étaient en route pour Monkshaven, où elles venaient vendre du beurre et des œufs. À peu près du même âge, elles n’étaient pas placées dans les mêmes conditions d’existence. Molly Corney faisait partie

  1. Du mot français : rendez-vous.