Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/103

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— Je crois que oui ; mais cela ne…

— Cela ne me regarde pas, hein ? Voyons, ne soyez pas si brusque, Marthe Stretton. Je viens avec vous, seulement laissez-moi mettre mon chapeau du dimanche.

— Nancy Hine, m’écriai-je, croyez-vous que madame Rochdale vous regarde, que vous ayez une robe de reine ou des haillons de mendiante, si ce n’est que les haillons vous conviendraient mieux. Venez comme vous êtes.

— Je viens, dit Nancy, en me regardant avec colère, et voulez-vous me faire le plaisir de parler poliment, Marthe ? Voyons, la fille de mon père vous vaut bien et votre maîtresse aussi, sortez de la boutique. Je marcherai après. Je n’ai peur de rien.

Cet accent vulgaire, devenant plus vulgaire avec sa colère, ces gestes brusques et gauches, comment notre jeune maître, le fils de sa mère, qui avait vécu toute sa vie avec cette mère chérie, avait-il pu trouver quelque séduction à Nancy Hine ?

Mais ces anomalies de goût ont étonné et étonneront jusqu’à la fin des temps tout le monde, les femmes surtout, parce qu’elles voient en général plus clair et plus loin que les hommes dans leurs affections.