Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/104

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Nancy Hine ne dit pas un mot en se rendant au château. Il était déjà tard ; presque tout le monde était couché. Je laissai la jeune personne dans le vestibule et je montai chez madame Rochdale.

Elle était assise devant le feu dans son petit salon, plongée dans ses réflexions. Dans la chambre à côté, dans le grand lit de cérémonie qu’occupait toujours madame Rochdale, dans ce lit où étaient nées et mortes des générations de Rochdale, dormait la pauvre enfant dont le bonheur avait été si cruellement détruit, car la réponse ou plutôt l’absence de réponse de M. Rochdale à la lettre catégorique de sa mère prouvait jusqu’à l’évidence que l’engagement était rompu et pour une cause suffisante.

— Chut ! ne la réveillez pas, murmura madame Rochdale. Eh bien, Marthe !

— La jeune personne… madame… faut-il la faire monter ?

— Quoi, ici ?

Il est impossible d’exprimer le regard de dégoût, de haine, d’horreur qui obscurcit un instant le visage de madame Rochdale. Les plus nobles des créatures humaines, hommes ou femmes, ne sont peut-être pas celles qui sont nées sans passion, mais celles qui savent réprimer des passions énergiques par une volonté ferme. Dans cet instant,