Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/120

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Elle avait toujours dans sa chambre à coucher, à côté de celui de son père, un portrait de lui fait dans son enfance, et un jour, ouvrant par hasard un tiroir, fermé d’ordinaire, je vis quoi ? Les robes blanches de Lemuel enfant, sa casquette d’écolier, sa ligne à pêcher et un vieux cahier d’appâts.

Après cela, qui pouvait croire que sa mère fût implacable ?

Cependant elle était assurément plus dure que par le passé, plus sèche et plus sévère dans ses jugements, moins indulgente pour les petits défauts de ceux qui l’entouraient. À l’égard de son fils, sa disposition était impénétrable. Elle semblait s’être retranchée et fortifiée derrière un rempart de patience ; il fallait un grand coup pour atteindre la citadelle désolée du pauvre cœur d’une mère abandonnée.

Le coup vint. Nul ne peut douter de quelle main, ni pourquoi il fut envoyé.

Madame Rochdale était arrêtée à la porte de l’école lorsque le fils de ma cousine, George, qui avait été voir passer la chasse, rentra en courant :

— Ô ma mère, le maître est tombé de cheval, il est mort !

— Mort ! — Oh ! quel cri ! Dieu me fasse la grâce de n’en jamais entendre un pareil !