Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/133

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J’étais de cet avis. Mais les commères ne savaient pas qu’il y avait une grande différence, une différence toujours croissante entre madame Lemuel Rochdale et Nancy Hine.

J’ai déjà dit ce que je crois et ce que madame Rochdale croyait aussi, que l’infériorité de la naissance ne constitue pas nécessairement une mésalliance. J’ai dit aussi que l’opinion publique était un peu injuste envers la fille du boulanger. Sans doute, elle était intelligente, ambitieuse ; elle avait le désir de s’élever et elle avait été enchantée d’y parvenir en épousant le seigneur du lieu. Mais je crois qu’elle était vertueuse, qu’elle n’était pas sans conscience, et je suis fermement convaincue qu’elle l’aimait. Une fois mariée, elle chercha à s’élever au niveau de sa situation afin de mériter et de conserver l’affection de son mari. Ce qui aurait rendu une femme d’une nature plus vulgaire intolérablement orgueilleuse avait rendu Nancy plus humble. Elle n’avait pas renoncé à une once de sa fierté naturelle, car elle avait le cœur bien placé ; mais elle eut le bon sens de comprendre que la vraie dignité consiste, non à exiger un honneur qu’on ne méritait pas, mais à tâcher de conquérir le mérite qui reçoit naturellement l’honneur et les égards.

Ce fut probablement à cette qualité qu’elle dut