Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/137

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tume contre la « parvenue » décroissait tous les jours. D’abord quelque étrangère bienveillante remarqua qu’elle était vraiment belle, et pour confirmer ce bruit, la pauvre Nancy, par quelque bonne chance, se mit à maigrir, probablement grâce aux courses qu’elle faisait tous les jours pour aller voir madame Rochdale. La rumeur se répandit que madame Rochdale, l’une des femmes les plus cultivées et les plus instruites de sa génération, avait entrepris de former l’esprit de sa belle-fille.

Il était évident qu’une influence puissante était à l’œuvre, d’après le changement qui s’opérait tous les jours chez madame Lemuel. Ses manières devenaient plus tranquilles, plus mesurées ; sa voix avait un accent plus doux ; sa toilette, y compris ses malheureux chapeaux, rentra dans les couleurs qui convenaient à sa tournure et à son embonpoint. Un jour, un second étranger alla jusqu’à demander qui était cette femme à l’air distingué. On le fit taire. Mais l’effet de sa réflexion subsista.

Peu à peu la question se modifia, on se demandait : « Madame Rochdale compte-t-elle que nous allions voir madame Lemuel ? »

Mais madame Rochdale, qui savait tout cela, puisque tout le monde savait tout dans notre vil-