Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/19

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ainsi. Je ne dirai pas à Thomas pourquoi nous allons à Manchester, ma mère, mieux vaut l’épargner.

— Comme tu voudras, dit-elle lentement, pourvu que nous y allions, cela me suffit.

Avant que les jonquilles sauvages fussent en fleur dans les taillis ombragés autour de la ferme d’Upclose, les Leigh étaient installés à Manchester, sans jardin, sans dépendances, sans brise fraîche et pure, sans vue sur la bruyère et les collines, sans animaux à soigner et surtout sans ces souvenirs anciens et chéris qui leur manquaient par-dessus tout, bien que ces souvenirs parlassent souvent de leurs douleurs et de ceux qui n’étaient plus.

Madame Leigh souffrait moins que ses fils de ce changement. Sa physionomie était plus animée qu’elle ne l’avait été depuis bien des mois, parce qu’elle avait une espérance, quelque triste qu’elle pût être ; elle s’acquittait de tous ses devoirs domestiques, étranges et compliqués qu’ils étaient devenus pour elle par les nécessités de la vie des villes. Mais dès que sa maison était en ordre, le soir, elle mettait son chapeau et se glissait dehors, sans qu’on s’en aperçût, pensait-elle ; mais Guillaume soupirait en l’entendant fermer la porte extérieure. Elle rentrait souvent après minuit,