Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/20

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pâle et fatiguée, presque de l’air d’une coupable, mais si triste de voir ses espérances déçues, que Guillaume n’avait jamais le cœur de lui dire tout ce qu’il pensait de l’inutilité et de l’absurdité de cette recherche. Tous les soirs, cette scène se répétait ; les jours devenaient des semaines, et les semaines des mois. Pendant ce temps, Guillaume remplissait de son mieux ses devoirs envers sa mère, sans éprouver aucune sympathie pour elle. Il passait toutes ses soirées à sa maison, à cause de Thomas, et il regrettait souvent de ne pas prendre à la lecture le même plaisir que son frère car le temps lui paraissait long en attendant leur mère.

Je n’ai pas besoin de vous dire comment la mère passait ces longues heures. Cependant, il faut vous en dire quelque chose. Dans le commencement, elle errait à droite et à gauche sans but déterminé ; enfin, elle rassembla toutes ses facultés sur cette unique entreprise, et se mit avec une patience infatigable à arpenter les rues les moins fréquentées pour se rendre tous les soirs dans une nouvelle partie de la ville, examinant avec une supplication muette les visages des passants, apercevant parfois une tournure qui lui rappelait un instant sa fille, et alors suivant cette femme avec une persévérance indomptable, jusqu’à ce