Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/192

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voyait-elle clair alors. Peut-être, si lord Erlistoun était parti, ce jour-là ou le lendemain, eût-il simplement emporté avec lui le souvenir d’une femme d’un noble caractère, point mondaine, et qui eût pu être pour lui, dans le monde complètement différent où il vivait, un élément de pureté et de vertu qui lui fût apparu par intervalles dans tout le cours de sa vie. Mais, en pareille occurrence, on marche souvent en sûreté jusqu’à un certain point ; puis on le dépasse dans un moment d’oubli, sans s’en apercevoir, et on ne peut plus revenir sur ses pas, c’est fini.

Le dimanche soir, nous allâmes nous promener, Jeanne, lord Erlistoun et moi, dans ces mêmes champs dont parlait notre vieux commis de Liverpool. C’était une soirée comme celle que le pauvre homme avait passée peut-être avec sa petite cousine ; et Jeanne, tout en suçant le miel d’une fleur de trèfle, répétait les vers de Wordsworth :

Oh ! qui voudrait aller à Londres parader,
Faire des mascarades et s’amuser,
Par une si belle soirée de juin,
Avec ce beau clair de lune
Et tous les charmes innocents d’une soirée comme celle-ci ?

— Vraiment, oui, qui le voudrait ? et il faudra pourtant y aller bientôt.

Lord Erlistoun, appuyé contre la barrière,